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Pérégrinations

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Voyage, rencontres, échanges


L'enfer au Paradis

Publié par Arthur

Catégories : #Guyane

L'enfer au Paradis

L'affaire Dreyfus, l'affaire Sézenèque, Henri Charrière, Papillon, l'île royale, du diable et Saint Joseph,... Voici les noms qui résonnent dans les vestiges du bagne des îles du Salut.

Dans un environnement paradisiaque, formé par un ensemble d'îles au milieu de l'eau caribéenne, c'est bien l'enfer qu'ont connu les bagnards. Interdiction de parler, humiliation, fouet, expériences "scientifiques",travaux harassant, pièce commune pour dormir, pièces d'isolement, fours à pain pour les plus durs, règlement de comptes, guillotine et caïmans... le petit berlinois à moustache n'a rien inventé. 75000 bagnards sont passés par ces établissements pénitentiaires de Guyane de 1852 à 1946.. Les derniers libérés sont partis en 1953... (récent !!) Et partir pour quoi faire ? Ceux qui arrivent à survivre sont cassés physiquement et moralement. Libérés ils ne savent que faire. Le statut d'ancien bagnard les prive de retrouver du boulot. Personne n'en veut. A l'époque on a peur qu'ils soient contagieux, que le mal est dans leur ADN. Morts on leur coupe la tête et on la glisse dans du formol afin de les conserver et de les étudier. les scientifiques veulent savoir ce qui les rend "mauvais". Même dans la mort, leur intégrité physique n'est pas respectée. Quand on pense que beaucoup d'entre eux étaient innocents, ou n'avaient commis que des délits mineurs. La vérité est que l'état français avait besoin de bagnards afin de réaliser des travaux pénibles. Une sorte de chair à canon. Le concept des renégats a d'ailleurs été inventé pour enrôler encore plus de gens. Le principe ? Tu as commis quelques menus délits il y a des années, tu es sur ton lieu de travail et soudain la police vient te chercher, sans que tu t'y attendes. Tu es un renégat. 3 semaines après tu es au bagne, tabassé, écrasé, déshonoré.

Aujourd'hui, il reste des "ruines" inquiétantes, l'établissement du directeur avec le sémaphore (où travaillait Sézenèque), un petit village avec les maisons des matons et des portes clés (algériens qui s'occupaient des tâches ingrates), l'église peinte par Francis Lagrange (faussaire de talent qui signaient FLAG), le dispensaire et une piste d'hélicoptère pour que les présidents français puissent venir sans se fatiguer bouffer des crevettes dans l'auberge agréable qui surplombe l'île royale. Sur l'île Saint Joseph, le cimetière des bagnards fait de pierres, de tombes en granit local, de croix cassés et de terre battue, est entouré de palmiers, de cocotiers, de l'océan, et des galets noirs qui viennent rouler sur la grève. Les quelques malheureux qui naissaient au bagne, fruit du viol des religieuses (de la congrégation des sœurs de Saint Paul de Chartres) étaient enterrés dans un cimetière pour enfant. Ceux qui mourraient trop tôt pour être baptisés n'avaient pas le droit à une croix catholique entière. Celle-ci est coupé, de biais, avant l'intersection. L'enfer au paradis.

Restes d'un dortoir. Four d'enfermement. Paysage magnifique.
Restes d'un dortoir. Four d'enfermement. Paysage magnifique.
Restes d'un dortoir. Four d'enfermement. Paysage magnifique.
Restes d'un dortoir. Four d'enfermement. Paysage magnifique.

Restes d'un dortoir. Four d'enfermement. Paysage magnifique.

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